La question ne manque pas d’intérêt et met les directions des ressources humaines en émoi, comme leurs voisines de la communication interne.
Jadis, en 2019, l’entreprise était globalement symbolisée par un lieu physique dans lequel des femmes et des hommes remplissaient des tâches en équipes. Une organisation installée de longue date pour permettre à l’entreprise de faire des profits et, accessoirement, de verser leur salaire aux collaborateurs. Le tout dans une ambiance dictée par la culture d’entreprise que tout un chacun avait pour mission de partager. Le but avoué étant de créer un collectif soudé et engagé prêt à se battre pour affronter la houle à laquelle sont confrontés tous les bateaux lancés sur les océans des marchés.Mais ça, c’était avant…
Depuis, beaucoup de choses ont explosé au rythme de la courbe de la pandémie, et si l’on se reposait la même question aujourd’hui on obtiendrait des réponses bien différentes.
Tout d’abord le lieu physique
Le télétravail l’a démontré, travailler à distance est possible. La question des locaux doit être résolue et certaines entreprises proposent d’ores et déjà des solutions drastiques : plus de bureaux, ou très peu, votre adresse pro est celle de votre canapé ou d’un café qui pratique le coworking. L’informel, le contact devient épisodique, le partage ne peut plus être spontané. Mais le travail se fait. Mieux, moins bien ? L’avenir nous le dira. Les réponses sont très différentes selon que vous interrogez un salarié banlieusard qui doit affronter ses 2 heures de transports en commun bondés ou celui qui habite une zone rurale dont le temps de transport n’entre pas dans l’équation de sa journée. Et si le nouveau monde de l’entreprise permettait de régler le problème du logement pour tous et des transports intelligents ? À suivre…
Seconde question, la distanciation détruit-elle la culture d’entreprise ?
Il faut d’abord se mettre d’accord sur ce qu’est la culture d’entreprise. Les coups portés au “collectif” ces derniers mois ne l’ont pas laissé indemne. Une nouvelle “culture distancielle” est née.
La culture d’entreprise est souvent le fruit du tempo imprimé par le fondateur de l’entreprise ou le manager clé. Il y a une culture Bouygues qui ne sera pas celle de La Poste, et sera encore bien différente de celle de Biocoop, Picard ou la Société Générale. Celle des ETI et celle des majors du CAC 40 ont-elles les mêmes racines ? Même si des secteurs d’activités possèdent des codes communs de comportements, les usages internes et le récit partagé ne seront pas les mêmes. Question d’histoires partagées.
Les managers sont devenus des explorateurs du quotidien
Les managers jouent un rôle important dans la vitalité de la culture d’entreprise. Ces nouveaux gladiateurs doivent, en plus de leurs compétences d’experts, créer un environnement de travail propice aux échanges, au partage, à l’entraide et à la motivation. Rien que ça ! La culture d’entreprise est un bien commun qui comme le feu doit être ravivé pour ne pas mourir. Il faut de l’énergie pour inventer le nouveau “vivre ensemble” que nous appelons de nos vœux et pour cela redéfinir le sens du projet à partager. Et ça c’est l’affaire de tous.
La culture d’entreprise est un bien commun qui comme le feu doit être ravivé pour ne pas mourir.
Alors, c’est quoi une entreprise aujourd’hui ?
Toujours des femmes et des hommes qui interagissent ensemble pour répondre aux besoins de leurs clients, pour mener à bien des projets. Mais c’est aussi devenu, au fil de l’évolution de la société et des attentes des primo-accédants au monde du travail, un lieu de partage et d’échanges, un lieu dans lequel on doit trouver un sens aux actions quotidiennes. Trouver sa voie et être accompagné est un prérequis. Selon la culture d’entreprise, ces enjeux seront plus ou moins bien anticipés et les actions proposées aux collaborateurs seront disparates.
Aujourd’hui les interactions sont plus complexes, sans doute moins spontanées, mais elles demeurent. Abandonner un quotidien empesé et routinier est certes séduisant mais ne le quitte-t-on pas pour un autre dans l’autre routine qu’est devenu le télétravail ? Nous cherchons de nouveaux modèles, nous sommes tous des explorateurs d’un nouveau quotidien. Une certitude émerge : les solutions ne pourront plus être que descendantes. Considérer le salarié porteur de valeur au-delà de sa simple compétence technique, c’est peut-être ça, l’entreprise de demain. Celle qui proposera un vrai projet collectif pour tous et chacun, porteur de sens, rendant l’obligation présentielle caduque au profit de moments décidés en commun et surtout d’une confiance partagée, sur site, ou pas…
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