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QUAND LE PAPIER AUGMENTE LA RÉALITÉ

Albano Saldanha
Albano Saldanha
Directeur éditorial
QUAND LE PAPIER AUGMENTE LA RÉALITÉ
5500 ans que nous sommes entrés dans l’Histoire avec l’invention de l’écriture. Mais pas d’écrits sans traces ni supports : scribes, moines copistes et imprimeurs ont été leurs premiers promoteurs sur papier ou tissu. Nous en sommes les modestes héritiers et, si l’on a cru un temps à sa disparition annoncée, le papier n’a pas publié son dernier mot. Il connaît même une belle (r)évolution et les pages n’ont pas fini de tourner.

Il a connu sa période « print bashing » dans les années 2010 au profit de l’instantanéité qu’offrait le numérique. Le papier polluait, décimait les forêts, encombrait nos boîtes aux lettres et coûtait cher en transport et routage. Mais ça c’était avant. Depuis, nous avons pu mesurer que ces arguments ne se vérifiaient pas nécessairement : le papier provient de forêts gérées durablement (parlons plutôt de champs d’arbres) et son recyclage nécessite une production régulière de fibres vierges (qui seront réutilisables jusqu’à six fois).

1H DE VIDÉO SUR UN SMARTPHONE C’EST UN RÉFRIGÉRATEUR ALLUMÉ PENDANT UN AN

La diffusion de magazines et de courriers n’a plus vocation à se faire en millions d’exemplaires et leur relative rareté est devenue un argument marketing.  Enfin, lorsque l’on sait que l’énergie nécessaire à l’envoi d’un courriel avec pièce jointe équivaut à une ampoule allumée pendant 24 heures, le numérique dégringole vite les quelques marches du podium neutro-écolo. 

Autre argument en faveur de l’imprimé, de la brochure, du mag, du livre, du journal interne, ou autre bonne vieille feuille de choux, des études ont démontré que la compréhension et la mémorisation de textes est significativement meilleure lorsque la lecture s’effectue plutôt sur papier que sur écran.

83% DES FRANÇAIS ONT LU DES IMPRIMÉS EN 2021
(SOURCE : CNL-IPSOS 2021)

L’information emprunte d’autres chemins et notre cerveau est bien plus enclin à s’intéresser et à retenir ce que l’on lui propose. Rien de mieux donc qu’une belle typo avec une profonde encre noire sur une feuille blanche délicatement satinée pour activer vertueusement nos neurones. Ça, c’est pour le côté chic, mais prendre le temps de parcourir un journal un peu chiffonné a aussi un côté choc plutôt sympathique. 

RIEN DE MIEUX QU’UNE BELLE TYPO AVEC UNE PROFONDE ENCRE NOIRE SUR UNE FEUILLE BLANCHE DÉLICATEMENT SATINÉE POUR ACTIVER VERTUEUSEMENT LES NEURONES.

Nous continuons d’être tributaires des écrans certes, mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Celle du couple « print-digital » où l’un peut se nourrir de l’autre.

CONJUGUER LES INTELLIGENCES, LES TECHNOLOGIES ET L’ÉMOTION

La réalité augmentée  s’invite désormais dans le contrat de lecture et le papier, combiné à un smartphone (le fameux dispositif mobile first), devient IOT ou IdO (Internet des Objets). Encore un sigle ? La techno NFC (le sans contact) s’invite aussi dans les pages des magazines. La mise en valeur de contenus via des applications de scan d’images ou de textes, de QR code, d’encres conductrices permettent des renvois vers tous les formats disponibles (podcasts, motions, vidéos, réalité augmentée…) et permet à l’imprimé de s’inscrire dans ce mix de communication des marques, annonceurs et presse généraliste. L’imagination reprend le pouvoir dans les dispositifs de communication. Le papier a fait sa révolution et elle est durable. À une condition cependant, celle de rester un support distinctif, à forte valeur émotionnelle. 

Pour en savoir plus, retrouvez ici l’intégralité de la Rencontre Makheia du 23 septembre 2021 intitulée Le papier fait sa (r)évolution