On se le garde alors « sous le coude » et le « replay » reste bien au chaud dans les limbes des internets ou de nos signets, prêt à être activé, quand il n’est tout simplement pas oublié ou remplacé par un contenu encore plus chaud ou captivant.
Court-circuit du quotidien, rejeton de l’infobésité, le replay est un formidable outil à repousser le temps présent. Une procrastination qui se nourrit d’elle-même. Complice passif du FOMO (peur phobique de passer à côté d’une information importante), le replay donne l’illusion d’une vie parallèle sans limites, une longue suite de moments suspendus où l’on pourrait partir à la recherche de ces infos perdues. Mais si la parcimonie donne valeur à toute chose, qu’en est-il de celle de ces contenus s’ils sont diluables à l’infini ? Vivre l’immédiat tout occupés que nous sommes à le reporter est un leurre.
Deux solutions s’offrent à nous : apprendre à interrompre le cours de son temps pour vivre le présent et ouvrir ce lien envoyé par un collègue ou faire face et oublier sciemment ?
Penchons volontiers pour la première qui assigne, selon le philosophe Vincent Delcroix, « place et consistance » à nos existences. Prendre le temps que l’on nous offre, quitte à le perdre pour mieux nous retrouver.
Crédit photo : Elina Fairytale – Pexels.com